Résistance et Déportation dans la vallée du Rabodeau
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Le maquis que l’Histoire avait oublié

Ces 4 500 "tatoués" oubliés de l’Histoire
Article mis en ligne le 2 mars 2007
dernière modification le 12 mai 2023

par Gerard

Auschwitz [1] fut en fait un énorme complexe composé de 3 parties :

 Auschwitz I. Le "camp de base" (Stammlager) aménagé à partir d’avril 40. Un camp de concentration
 Auschwitz II (Auschwitz-Birkenau) construit à partir de septembre 41. Le camp d’extermination
 Auschwitz III (Auschwitz-Monowitz) construit à partir de Février 41. Un camp de concentration : la "cité ouvrière" principale des esclaves nécessaires au complexe industriel environnant

Auschwitz fut donc 3 choses [2] :

 L’épouvantable abattoir de Juifs que l’on connaît. Le plus important de tous. Le principal abattoir des Tsiganes aussi [3]. L’absolu de la déviance de l’homme
 Un gigantesque complexe industriel : IG Farben et sa Buna, Krupp, AEG, UHDE, Dyckerhoff & Widmann... le complexe pétrochimique de Blechammer... les mines de Silésie... Un total de plus de 50 entreprises
 Le plus grand parc de main d’oeuvre esclave du 3ème Reich [4] Réparti sur une cinquantaine de kommandos dépendants de Blechammer, lui même rattaché administrativement à Auschwitz III

Ses 2 dernières spécificités expliquent qu’ont été acheminés là par fournées de milliers d’hommes à la manière d’une noria, et "concentrés", les jamais assez nombreux déportés nécessaires à "faire tourner les usines" [5] Juifs et non Juifs

Ce "parc de main d’oeuvre", de ces tatoués comme du bétail, se composait d’abord et indifféremment :

 De Juifs temporairement sélectionnés comme utiles à la production. Mis de ce fait en sursis d’extermination le temps de pouvoir servir
 De prisonniers de guerre "occidentaux", et surtout slaves dont un impressionnant contingent de ces autres "untermenschen" qu’étaient les prisonniers de guerre russes
 De Tsiganes
 De civils raflés dans tous les pays occupés, Polonais en premier lieu : réfractaires, résistants, "pas politiquement corrects"... Tous devenant untermenchen de fait

Parmi ces derniers se trouvaient 4 500 tatoués français jamais mentionnés comme tels dans l’Histoire "officielle". Celle qui simplifie, fabrique des "grandes catégories", met des étiquettes "qui vendent". Crée des fiefs et des concurrences, fait peu de cas de l’homme

 Le livre de Paul Le Goupil [6] et d’Henry Clogenson (extraits dans document PDF ci dessous) met définitivement fin à cet autre oubli de l’Histoire. Particulièrement bien documenté et précis :

MEMORIAL DES FRANCAIS NON-JUIFS DEPORTES A AUSCHWITZ BIRKENAU... MONOWITZ. Ces 4 500 OUBLIES DE L’HISTOIRE

 Parmi ces tatoués près de 1 000 étaient des Vosgiens de naissance, de résidence, ou d’adoption venus se réfugier ou résister dans le département... Plus de 150 d’entre eux étaient de la vallée du Rabodeau

Le second convoi parti de Dachau vers Auschwitz, celui du 24 novembre 1944, dit "Convoi des Vosgiens", compte un peu plus de 700 Vosgiens sur 1 014 déportés. Il est particulièrement meurtrier puisque seulement 24 % d’entre eux sont rentrés [7]


Rappelons bien que plus de 2 millions d’hommes sont morts ici, dont près de 1 million seulement parce qu’ils étaient Juifs. Autre chiffre : 72 % des 500 000 "ouvriers" du complexe industriel situé dans la région d’Auschwitz sont morts sur place ou dans les marches d’évacuation (les "marches de la mort") [8]