Envisagé dès le mois de mai 44 dans le schéma de percée du massif des Vosges, ce qui s’appellera l’« Opération Loyton » a été décidé en juillet [1], s’appuyant tout aussi nécessairement sur la Résistance d’ici
La stratégie générale prévue repose sur une offensive-éclair imaginée par le général Patton (sa 3ème armée avance alors sur une ligne de front qui s’étire de Chaumont aux Ardennes, déployée face à la barrière du massif des Vosges). En résumé : casser le front allemand en perçant par le centre du massif et plonger droit sur le coeur de l’Alsace par la vallée de la Bruche [2]. Principales raisons :
– C’est le plus court chemin vers le Rhin. Et pour faire face, la Wehrmacht devra dégarnir ses forces situées au nord et au sud du massif
– Consécutivement, une poussée simultanée sera possible vers Strasbourg en perçant le massif par le Nord (la mission qui se réalisera autour de la 2ème DB de Leclerc)
– Consécutivement, sera soulagée la prévisible difficile poussée du 6ème groupe d’armées de Devers vers Mulhouse et Colmar (de Lattre et Patch enveloppant le massif par le Sud depuis la trouée de Belfort et Chaumont Langres)
Le piège repose sur l’effet de surprise, et implique de passer par où on ne s’y attend pas : les « petits » cols [3], du Donon, de Prayé, du Hantz, de Saales, du Las... pour converger sur la vallée de la Bruche. C’est pourquoi l’Opération Loyton a eu lieu, et ici
L’Opération Loyton est la plus vaste des opérations de la guerre menée par le 2éme SAS sur le territoire français [4]
Notons qu’une des opérations juxtaposées, chargée de préparer le passage nord du massif (secteur Saint Avold-Saverne), lui est directement attachée : l’Opération "Pistol" [5]. Dans les mêmes temps se déroulent au sud du massif les opérations "Hardy" et "Wallace". Ces 3 opérations simultanées, préparatoires du franchissement des Vosges, sont dirigées par le 2ème SAS... [6]
Son extrême importance fait que des moyens exceptionnels sont mis en oeuvre [7] :
– Le Lt colonel Brian Franks [8], brillant et audacieux officier de 34 ans, le "patron" du 2ème SAS, vient la diriger en personne sur le terrain (voir document PDF ci dessous), et 102 hommes des Forces Spéciales Britanniques sont parachutés ici en 6 principales vagues plus 3 de matériels, échelonnées du 13 août au 28 septembre 44 [9] :
– 2 équipes du F Phantom (détachement du GHQ Liaison Regiment intégré à la SAS Brigade pour la reconnaissance et les transmissions) : captain John Hislop [10], lieutenant Peter Bowater Johnsen [11], sergeant Len Owens [12], sergeant Gerald Donovan Davis, signalman George Gourlay Johnston, signalman Peter Bannerman...
– Un "Jedburgh" du SOE [13], le "Jed Jacob" [14] : captain Victor Gough, capitaine "Baraud" (Maurice Boissarie), sergeant Seymour (radio)
– 92 officiers, sous-officiers et spécialistes du 2ème SAS [15]
La mission consiste à reconnaître, renseigner l’état-major et préparer le terrain, derrière les lignes ennemies en avant-garde de la 3ème armée US :
– Déstabiliser l’état-major de la Wehrmacht
– Harceler les positions stratégiques allemandes, détruire les convois de matériel et armement
– Coopérer avec les hommes du maquis, armer et équiper celui-ci, cibler parachutages et opérations
L’Opération Loyton commence dans la nuit du 12/13 août 1944 à Le Mont (Vosges). Lieudit La Prelle, nom de code Anatomie. Entre 1h 30 et 1h 45, 2 Stirling venant d’Angleterre larguent une avant-garde de 15 hommes [16] :
– Les avant-gardes du 2ème SAS, commandées par le captain Druce [17], assisté du captain de Lesseps (Français, alias Goodfellow) et du Lt Dill, complétée de 4 hommes (sergeants Hay et Lodge, Pcts Crossfield et Hall)
– Un détachement de transmission associé du F Phantom, commandé par le captain Hislop, complété du sergeant Davis et de 3 hommes (Pcts Johnson, Stanley, Sulivan)
– Le "Jed Jacob" du SOE, commandé par le captain Gough, et complété du capitaine "Baraud" (Maurice Boissarie, Français) et du sergeant Seymour (radio)
– Une imposante quantité d’armes et matériels [18]
Elle se continue par 8 autres parachutages centrés sur ici : 6 sur place + 2 "extérieurs" [19] – Nuit du 31 août/1er septembre près de Veney (terrain "La Pédale", plus précisément lieudit L’Etoc) : le colonel Franks, le captain Whately-Smith, le captain Sykes (officier de renseignement), le Lt Marx (appelé "Karl")... environ 20 hommes du 2ème SAS, une deuxième équipe du F Phantom avec le lieutenant Johnsen, le sergeant Owens... le commandant FFI Derringer (BCRA, venu pour prendre le commandement du GMA Vosges), et des compléments de matériels
– Nuit du 6/7 septembre près de Veney (terrain "Le Pré Barbier") : le major Reynolds, le Lt Black... environ 12 hommes du 2ème SAS
– 3 septembre à Ban de Sapt-Gemainfaing et 6 septembre à Le Mont (terrain "Anatomie") : complément d’équipements et armement. Principalement destiné à l’équipement du 1er RCV FFI
– Nuit du 14/15 [20], nuit du 19/20 et nuit du 21/22 septembre dans Moussey même (plateau de "La Charbonnière") : la suite des effectifs (environ 30 hommes), le complément des matériels, et 6 jeeps spéciales équipées de mitrailleuses lourdes
– 28 septembre à Vieux Moulin (le Vieux pommier) : réapprovisionnement, parachutage d’armes et argent pour le Maquis d’ici (1er RCV FFI)
Prévue pour durer 2 semaines, l’Opération Loyton durera en fait 2 mois
En effet, l’offensive alliée ne pourra démarrer que 2 mois après la date prévue [21]. C’est la 100ème division d’infanterie de l’armée Patch qui libérera la vallée, le 22 novembre [22] [23]. Etouffant ainsi dans une nasse parachutistes anglais et maquis d’ici ! [24]
Dès la liquéfaction du GMA Vosges au lendemain de la catastrophe de Viombois (4 septembre), la totalité des forces du 2ème SAS sont venues se regrouper autour de leur base opérationnelle de Moussey. Soutenues par les groupes locaux du 1er RCV FFI ("centurie de Moussey", Génie forestier, groupe Mallens, bataillon Morel... ). Les habitants de Moussey et des hameaux contigus assurant abri, ravitaillement et guidage [25]
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