Les Parachutistes britanniques de l’Opération Loyton ont, eux aussi, payé un lourd tribu à notre libération : 102 parachutés. 40 capturés. 39 morts [1]
Tous ont été implacablement pourchassés par le SD [2]. Tous les capturés, sauf 1, ont été exterminés ou abattus comme terroristes [3], dans d’atroces conditions [4]
La plupart ont été conduits, interrogés, torturés, dans différentes officines du SD d’ici et pour certains dans d’autres lieux des BDS Alsace-Bade et France : Cirey, Raon l’Etape, Belval, Etival, Saales, Saint Dié, Strasbourg, Karlsruhe... enfermés plus ou moins longtemps au camp de Schirmeck. La plupart ont été exécutés dans la région, les restants le 25 novembre dans un écart de Gaggenau [5]
10 d’entre eux sont enterrés au cimetière de Moussey
Pour le 2ème SAS et l’Opération Loyton proprement-dite (Nota : il convient en toute logique d’y ajouter les hommes perdus de l’Opération Pistol qui lui est complémentaire et aux mêmes moments, et qui est elle-aussi sous la responsabilité du colonel Franks)
31 hommes perdus :
– 2 capturés dans "l’affaire du 18 août" (1944) dirigée par le SD Schöner/Belval et le staff WaldFest/Schirmeck : le Sgt Lodge/Friedlander [6] et le Pct Hall. Le premier, abattu dans les bois de Moussey et ramené mort au village le 19 août. Le deuxième, arrêté dans ce même encerclement, amené à Belval puis Schirmeck, exécuté fin août au cours de son transfert entre Schirmeck et le Struthof (corps jamais retrouvé... )
– 3 capturés sur dénonciation (Y D) après leur parachutage dans la nuit du 6/7 septembre au Pré Barbier : le Sgt Fitzpatrick et 2 de ses hommes (Pcts Elliot et Conway). Capturés le 16 à Pexonne Ferme de la Fosse et amenés au SD Wenger/Raon l’Etape. Ramenés sur les lieux et exécutés le 19 comme l’avaient été les propriétaires, puis brulés dans le hallier de la ferme (voir document PDF de bas de page)
– 8 capturés sur dénonciation (G M) le 14 septembre à Allarmont scierie de La Turbine : le Lt Black et 4 de ses hommes (Cpl Winder, Pcts Dowling, Lloyd et Salter). En même temps que 3 hommes du Lt Marx (Sgt Terry-Hall, Cpl Ivison et Pct Crosier). Transférés dans plusieurs officines du SD (Raon l’Etape, Cirey, Saint Dié... ). Tous exécutés le 20 près de Saint Dié (écart forestier des Moitresses) par le SD Ernst/Saint Dié. Les hébergeurs de la scierie (Maria et Léon Marchal) avaient été exécutés sur place
– Le Pct Puttick, capturé début octobre, vu à Belval, jamais retrouvé après son passage au SD Wenger/Etival
– Le Pct Griffin, capturé au lac de la Maix le 10 octobre, enfermé à Schirmeck, exécuté le 25 novembre dans le"massacre de Gaggenau/Rotenfels"
– 2 exécutés le 16 octobre dans le haut du Harcholet/Pré Matré, après un périple compliqué et un passage à Schirmeck : les Pcts Brown (capuré à La Petite Raon) et Lewis (capturé avec le Lt Silly 2ème semaine d’octobre entre Etival et Saint Benoit dans leur repli vers les lignes américaines). Exécutés en même temps qu’un maquisard resté inconnu contre la ferme du "Major" puis brulés dans le hallier par le SD Wenger/Etival/Senones [7]
– Le Pct Wertheim, capturé le 5 octobre, vu une dernière fois au camp de Niederbühl, jamais retrouvé
– 9 capturés en 2 groupes dans le secteur de Moussey. 1/ Le groupe d’arrière garde du Lt Dill et ses 5 hommes (Sgt Hay, L/Cpls Robinson et Austin, Pcts Bennet et Weaver), encerclé sur dénonciation (J W) et fait prisonnier par un détachement de la Wehrmacht le 7 octobre à Moussey/Lieumont, gardé au Harcholet à l’usine Gérard puis transporté et remis le 9 au SD Ernst/Saales. 2/ Le groupe du Sgt Nevill et ses 2 hommes (Pcts Church et McGovern), capturé dans les mêmes temps au retour de sa reconnaissance du secteur Hantz. Sauf le Lt Dill qui le sera plus tard (Gaggenau 25 novembre), les 8 hommes de ces 2 groupes seront exécutés, "à la chaîne", le 15 octobre à La Grande Fosse par le SD Ernst/Saales [8]...
– Le Lt Silly, capturé 2ème semaine d’octobre entre Etival et Saint Benoit-La Chipotte dans le repli vers les lignes américaines. Passé à Schirmeck, présent à la ferme Ferry et au Harcholet... enfermé à Etival/Ecole du Vivier. Exécuté par le SD Wenger/Etival le 22 octobre dans le massacre de Saint Prayel Barodet [9]
– ...
Il y a aussi le "patron" du stick Rousseau parachuté dans la nuit du 9/10 septembre à Réchicourt le Château (région de Sarrebourg). Le Lt Joseph Maurice Rousseau a été blessé à mort au combat le 17 septembre à Igney (région de Blamont) [10]
Tous les hommes capturés non encore exécutés "sur place" l’ont été dans le "massacre du 25 novembre" de la forêt d’Elrich bordant le camp de Gaggenau Rotenfels. Parmi ceux du 2ème SAS :
– Le Lt Dill, commandant de l’arrière-garde, capturé avec ses 5 hommes à Moussey Lieumont le 7 octobre, puis amené à Saales et Schirmeck
– Le major Reynolds et le captain Whately-Smith, capturés le 30 octobre à La Trouche suite à dénonciation (M L) après avoir quitté Marie et Fred Le Rolland, leurs protecteurs de Pierre Percée [11]
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D’autres hommes du 2ème SAS, mais aussi des Résistants d’ici dont au moins 3 prêtres (abbé Claude de Raon l’Etape, père Pennerath curé d’Allarmont, abbé Roth... ), de même que le captain Gough du SOE Jed Jacob, des aviateurs anglais et américains... ont eux aussi été exécutés dans ce même massacre de Gaggenau/Rotenfels
Pour le F Phantom
3 hommes perdus sur les 8 :
– Le Sgt Davis : team du captain Hislop, radio du groupe d’avant-garde parachuté le 13 août, ami proche de Len Owens. Replié à Le Mont après "l’affaire du 18 août", dénoncé (A C) et capturé le 19 par le SD Schöner/Belval. Exécuté entre le 20 et fin août dans les bois de Moussey /Le Calvaire
– Le Sig Johnston : team du captain Hislop, radio du groupe d’avant-garde parachuté le 13 août, gravement blessé par balles au cours du repli vers les lignes américaines, remis au SD Wenger/Etival et exécuté (corps jamais retrouvé)
– Le Sig Bannerman : team du Lt Johnsen parachuté le 1er septembre à Veney/La barraque, tué dans une embuscade près de Fontenoy la Joûte au cours du repli vers les lignes américaines. Le Lt Peter Johnsen réussira à s’échapper malgré les balles reçues
Pour le SOE Jed Jacob
2 hommes perdus sur les 3, les 2 officiers :
– Le captain Gough, capturé vers le 30 septembre par le SD Ernst/Teufel/Belval, gardé au Kdo Ernst/Saales, plus tard enfermé au camp de Schirmeck. Exécuté dans le massacre du 25 novembre à Gaggenau Rotenfels
– Le capitaine Boissarie (alias Barraud), tué le 4 septembre dans la bataille de Viombois
– Nota : seul le sergeant radio Seymour, capturé le 17 dans "l’affaire du 18 août", n’a pas été exécuté mais gardé prisonnier (camp de Schirmeck, geôles du SD en Alsace puis camp de représailles en Allemagne), il est le seul rentré des 40 parachutistes de Loyton capturés
Et aussi :
– 4 femmes du team SOE F de Vera Atkins, exécutées le 6 juillet 44 au camp du Struthof. Le Phantom Memorial les inclut dans sa liste des morts de l’Opération Loyton bien qu’elles n’y aient pas directement participé. Une volonté de son fondateur Len Owens, MM, qui fut sergent radio du F Phantom pendant cette opération. En marque d’hommage à ces femmes (et tous les autres "espions" du SOE), sans la qualité du renseignement terrain desquels toute opération aurait été impossible, irrationnelle ou compromise. Un monument spécialement dédié à Vera Atkins et ses "filles" du SOE a été édifié dans le carré Allied Special Forces-Memorial Grove du National Memorial Arboretum [12]
– Le Lt Castellain (Opération Pistol), mort de ses blessures le 12 octobre en rejoignant l’Opération Loyton, enterré à Moussey
– Le Pct Christopher Ashe (Opération Pistol), éxécuté le 25 novembre sans le "massacre de Gaggenau/Rotenfels"
Une incroyable et inlassable chasse secrète (2nd SAS War Crimes Investigation Team), conduite par le major Barkworth, chef du Renseignement du 2ème SAS, a été menée aussitôt la libération du secteur par leurs compagnons rescapés. Cette enquête a abouti à la condamnation par les tribunaux des principaux bourreaux du SAS et F Phantom, du SOE Jed Jacob et des habitants d’ici... et à l’élimination discrète de quelques moins en vue [13]
Merci à ces hommes d’avoir engagé leur vie pour nous aider à sauver la nôtre
Fraternité du combat avec les habitants d’ici. Mémoire intacte malgré l’usure du temps, restée intimement partagée. Illustration :
– Les 10 parachutistes de l’Opération Loyton temporairement enterrés au cimetière communal de Moussey le sont restés à jamais. Au milieu de leurs compagnons de combat, conformément aux voeux de ceux ci, Britanniques et Vosgiens d’ici. Exceptionnelle dérogation aux usages britanniques
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