Dès l’Armistice [1] et la "débâcle" consécutive, la germanisation totale de l’Alsace démarre. Considérée par l’Allemagne comme une réintégration naturelle de son patrimoine
Le département limitrophe des Vosges, bien qu’en Zone Réservée
et donc particulièrement quadrillé mais "ça y est moins pire", offre un débouché naturel d’évasion à travers le massif forestier [2]
– Les candidats au passage : prisonniers de guerre évadés, alsaciens refusant l’intégration, familles juives, Allemands opposants au nazisme… S’ajouteront plus tard des Alsaciens et Mosellans réfractaires au RAD, déserteurs de la Wehrmacht, résistants venus combattre ici, "grillés" venus s’abriter, le transit des aviateurs alliés abattus...
– Les passeurs : une articulation entre les 2 côtés de la frontière, qui va rapidement passer de l’aide occasionnelle à la mise en place d’une organisation structurée, entre d’un côté les passeurs du "versant alsacien" et de l’autre les hébergeurs du "versant d’ici", où sont mis à profit à la fois les liens familiaux et les métiers appropriés à la circonstance des uns et des autres (parents, amis, gardes des Eaux et Forêts, gardes chasse, cultivateurs, garagistes, bûcherons, gendarmes, enseignants, élus, clergé... [3]
– Les faiseurs de faux papiers : maires, secrétaires de mairie (souvent instituteurs du village), gendarmes (Moussey), passeurs eux-mêmes, personnels des sous-préfectures et préfecture...
– Les planques : amis et parents, résistants à l’occupation, cultivateurs des fermes isolées, curés et pasteurs…
– Les filières d’évacuation : équipes de transport des Ets Laederich, personnels des chemins de fer, de la poste, de la gendarmerie... clergé, réseaux de l’ex armée française et Francs Maçons, réseaux nationaux de la Résistance... toile d’araignée des amis, gens de la famille et toutes relations dispersés aux quatre coins de la France…