Le 1er février 2007, par Gerard,
Dès l’Armistice [1] et la "débâcle" consécutive, la germanisation totale de l’Alsace démarre. Considérée par l’Allemagne comme une réintégration naturelle de son patrimoine
Le département limitrophe des Vosges, bien qu’en Zone Réservée et donc particulièrement quadrillé mais "ça y est moins pire", offre un débouché naturel d’évasion à travers le massif forestier [2]
Les candidats au passage : prisonniers de guerre évadés, alsaciens refusant l’intégration, familles juives, Allemands opposants au nazisme… S’ajouteront plus tard des Alsaciens et Mosellans réfractaires au RAD, déserteurs de la Wehrmacht, résistants venus combattre ici, "grillés" venus s’abriter, le transit des aviateurs alliés abattus...
Les passeurs : une articulation entre les 2 côtés de la frontière, qui va rapidement passer de l’aide occasionnelle à la mise en place d’une organisation structurée, entre d’un côté les passeurs du "versant alsacien" et de l’autre les hébergeurs du "versant d’ici", où sont mis à profit à la fois les liens familiaux et les métiers appropriés à la circonstance des uns et des autres (parents, amis, gardes des Eaux et Forêts, gardes chasse, cultivateurs, garagistes, bûcherons, gendarmes, enseignants, élus, clergé... [3]
Les faiseurs de faux papiers : maires, secrétaires de mairie (souvent instituteurs du village), gendarmes (Moussey), passeurs eux-mêmes, personnels des sous-préfectures et préfecture...
Les planques : amis et parents, résistants à l’occupation, cultivateurs des fermes isolées, curés et pasteurs…
Les filières d’évacuation : équipes de transport des Ets Laederich, personnels des chemins de fer, de la poste, de la gendarmerie... clergé, réseaux de l’ex armée française et Francs Maçons, réseaux nationaux de la Résistance... toile d’araignée des amis, gens de la famille et toutes relations dispersés aux quatre coins de la France…
[1] Rappelons ses circonstances tout à fait particulières ici : celles de la reddition au Donon du 43ème Corps de Forteresse. Cliquer
[2] L’un des principaux et des plus sûrs passages d’ici fut le massif du Donon, qui relie la vallée de la Bruche à l’éventail des vallées s’ouvrant sur le versant Ouest et d’abord les vallées de la Plaine et du Rabodeau (un aperçu au travers de ce documentaire vidéo conservé à l’INA. Cliquer )
N’oublions pas ces filières d’évasion que furent également celles des vallées voisines du Hure, de la Fave... de la Vezouze (une illustration du propos sur le site de la commune d’Abreschviller, par ailleurs particulièrement riche. Cliquer )
Environ 15 000 évadés sont passés par là de 40 à 44
Et c’est là, au pied du col du Donon, sur le ban de Raon sur Plaine, qu’il a été décidé d’ériger le Monument National des Evadés de Guerre et des Passeurs
[3] Parmi les chemins empruntés par les Passeurs, on dit ici sentier pour chemin, il y a le fameux "Sentier des Passeurs", qui relie Salm et Moussey
Voir à ce propos cette page publiée sur son site par le comité de Schirmeck du Souvenir Français. Cliquer
Voir également "Galerie d’images" et document PDF ci dessous
S’il fut un des plus importants (Michel Ferry et son équipe y passèrent un peu plus de 980 personnes, l’équipe Leypold et Ledig au moins 200... ), il y en avait évidemment quantité d’autres : aboutissant à Raon sur Plaine et Raon les Leau, à Moussey Les Chavons, à Le Saulcy fond de Quieux ou Harcholet, à Belval, à Le Puid, Le Vermont, Saint Stail...