Roger, 98 ans, est décédé ce samedi 20 février 2021 dans sa ville de Senones. Messe d’enterrement mercredi 24, église abbatiale de Senones à 14h 30 [1 ]
Roger était à 3 semaines près l’avant-dernier [2 ] Résistant [3 ] vivant de la haute Vallée du Rabodeau [4 ] , déporté à Auschwitz-Blechhammer-Gleiwitz... [5 ]
Un grand Monsieur. Homme déterminé autant que modeste et taiseux [6 ] . Une mémoire exceptionnelle des faits, et de leurs "dessous des cartes". Un sens aigu des mécanismes de l’âme humaine. Une profonde humanité et une sensibilité aussi discrète qu’à fleur de peau. "Tu sais, il y a les vérités que nous ont appris le maquis et les camps... " , ajouterait-il. Il a mené sa vie comme un combat au service de l’humain [7 ] . Respect
Parmi les endroits où vous pourrez retrouver ses traces :
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Voir également page Facebook du CERD Stuthof. Cliquer
Au-revoir Roger. Sois bien "là-haut"
Dossier en cours de construction
Notes
[2 ] Robert Lorichon, de Senones et né en 1926, rescapé de Dachau et Sachsenhausen, est en effet décédé 3 semaines plus tard. Le dernier vivant des déportés de la haute vallée du Rabodeau est Roger Colin, de Vieux-Moulin. Résistant lui aussi : Passeur et hébergeur avec sa famille de cultivateurs, relais entre autres des "femmes Sublon" de Saint-Stail
[3 ] Roger, réfractaire au STO, équipé de faux-papiers, a fait partie du "groupe Mallens", une unité opérationnelle clé du maquis 1er RCV FFI du colonel Marlier. D’autant que sa maison familiale du "Haut Bout" était la "voisine de palier" de la Maison forestière de Constantin Mallens. Rapide bio de ce dernier (Cliquer)
[4 ] Ces mots de Roger : « On étaient de pauvres mecs, des petits Vosgiens de rien du tout. Notre histoire n’a intéressé personne... alors "on l’a fermée" » , dits avec les larmes dans la voix, expliquent beaucoup du pourquoi cette "vallée aux 1 000 déportés" (Cliquer) est restée si longtemps oubliée de l’Histoire (le général de Gaulle la nommera plus tard "La vallée des larmes"). Il y a aussi ces mots : "Au moment de mourir, je voudrais bien croire que le livre d’histoire des p’tites gens de la vallée ne disparaîtra pas avec nous"... " et qu’on en parlera dans les écoles"
[6 ] Décoré des plus honorables médailles : Légion d’honneur, Médaille de la Résistance. Mérite... Qu’il n’a à peu près jamais voulu "exhiber en public", "parce que tant d’autres méritaient autant que moi et n’ont jamais rien eu"
[7 ] Des jours sans fin auprès des familles :
– Au titre de la Déportation, une mission de Bénédictin, bénévole. Dès son retour des camps, pour expliquer, consoler, se faire préciser, aider à "faire les papiers", faire obtenir les Pensions... et aussi, tâche non moins délicate, pour "calmer" les inévitables remous, impostures et rivalités d’après propres à la nature humaine qui s’appellent discordes, jalousies, reconnaissance, statut, épuration... Regrettons qu’aient été "couvertes" quelques dérives inacceptables, "pour ne pas salir La Résistance... " disait-il. Ainsi jusqu’à sa mort, "pour qu’on n’oublie pas l’essentiel"
– Au titre de Secrétaire de mairie de la ville Senones, il le fut de 1945 à 1978. Une ville passée de plus de 4 000 habitants en 1945 à moins de 2 500 en 2020, touchée, dans la foulée du 1er par un 2ème écrasement : l’irréversible, long, rampant effondrement du fer de lance industriel de la vallée : le Textile. Un 2ème écrasement humain, et l’autre grand combat de Roger
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